En savoir plus sur les moulins à eau

La nourriture des hommes fut longtemps à base de céréales et de leur transformation en farine, -en 1900 on consommait encore plus d’ un kilo de pain par jour et par personne, aujourd’hui à peine 150 gr.-, L’utilisation du moulin pour écraser le grain devint très vite un outil, une machine indissociable de la vie quotidienne.

Nos lointains ancêtres utilisaient deux pierres pour écraser le blé en les cognant. 2000 ans avant J.C. , on parlait de 2 meules tournant l’une sur l’autre actionnées par le bras de l’homme. Puis, on utilisa l’animal, les esclaves pour faire tourner les moulins collectifs jusqu’à l’invention de la roue horizontale mue par la force de l’eau et décrite par un architecte nommée Vitruve un siécle avant J.C.

L’intérêt majeur de ce système de roue est de pouvoir construire un moulin de petite capacité à un coût réduit en disposant d’une petite quantité d’eau et d’une faible pente. Les moulins à eau étaient très nombreux en France, on estime que vers 1850 leur nombre pouvait atteindre les 100.000 usines ou moulins ( 700 dans les Landes ).

Une majorité était des moulins à grains mais beaucoup d’activités humaines se sont servies de l’eau comme énergie pour actionner des machines : textile, huiles ( olives, colza ), cidre, scierie, papier, forges, coutellerie, taillenderie, tannerie pour le cuir etc.

Quant au moulin à vent, leur conception est beaucoup plus complexe mais surtout le problème essentiel est l’énergie : le vent ne peut être stocké. Le Moulin à Vent doit donc être construit sur des hauteurs dans des régions où les vents sont réguliers.

Le moulin de Poyaller fut construit par les seigneurs de Poyaller au pied du donjon édifié au XIII ème siécle. La date exacte de la construction du moulin n’ a pu être déterminée, en 1654 il existait depuis plusieurs centaines d’années. Ce moulin équipé de 3 paires de meules et de 3 roues horizontales a été en activité jusqu’en 1952 pour la farine de blé de maïs et l’alimentation des animaux (orge maïs).

A partir de cette époque, le monde rural connaît un changement sans précédent: l’agriculture, faite d’ exploitations de petite taille pratiquant la polyculture élevage, se modernise avec les tracteurs, les machines, les engrais chimiques, l’irrigation, l’augmentation des surfaces et la disparition du métayage trés présent encore dans les Landes. Les moulins qui ont beaucoup servis pendant la seconde guerre mondiale et la période difficile de l’après-guerre sont devenus inutiles : les gens ne sont plus obligés de faire l’échange blé /farine pour avoir du pain. La rentabilité économique des exploitations permet d’acheter du pain chez le boulanger.

A Poyaller, le meunier est obligé pour survivre de moderniser le moulin avec des machines industrielles. Les cylindres remplacent les meules pour l’écrasement du grain. Des élévateurs à godets transportent le blé qui sera nettoyé dans une machine puis amené par d’autres élévateurs entre les cylindres. Le blé écrasé ( la mouture) sera amené sur les différents tamis du plansichter pour en séparer la farine des issues ( les résidus destinés aux animaux ). L’ensemble de ces machines actionnées par des transmissions et des courroies s’appelle une minoterie.

Le moulin est doté d’une minoterie vers 1952 actionnée par la force de l’eau.

L’activité meunière cessera vers 1967, la concurrence avec les grandes minoteries et l’allergie à la farine obligent le dernier meunier à se reconvertir. Après avoir récupéré ce superbe endroit, c’est en 1995 et 1996 que nous remettons la meule en fonctionnement. C’est une résurrection pour le Moulin de Poyaller, devenu un lieu de visites.

La configuration des rivières très différente selon les régions ( quantité, vitesse et régularité des cours d’eau ) a nécessité des aménagements spécifiques à chaque lieu d’où une richesse et une diversité qui donne à chaque moulin son caractère unique. Un principe reste commun à tous y compris pour les moulins à roue verticale : le moulin est construit à proximité de la rivière et l’eau est amenéé sur la roue par un canal sorte de déviation de la rivière (le bief).

e barrage sur la rivière permet de constituer la réserve d’eau, des vannes s’ouvrent et se ferment pour libérer l’eau du canal dans une conduite forcée. La force de l’eau va augmenter en tombant 2 m plus bas sur la roue horizontale. La roue est reliée à la meule tournante (pierre de dessus) par un axe vertical et se trouve fixée à celui-ci par une piéce métallique appelée anille. Le mouvement de la roue agit directement sans engrenages en actionnant la pierre.

C’est l’action de la meule tournante sur la meule fixe ( la dormante ou gisante ) qui permettra au grain de blé d’être écrasé entre les pierres et libérer ainsi la farine contenue à l’intérieur du grain . Leur poids varie de 400 kilos à 3 tonnes, la qualité et la dureté des pierres est fonction des régions et de la présence de carrières dont on pouvait extraire la pierre meulière la plus adaptée. On utilisait beaucoup le grés, le granit ou le silex.

L’alimentation des meules se fait grâce à une trémie posée au dessus des meules et à un auget qui va conduire petit à petit le blé au centre de la pierre creusée en un cercle de 30 cm de diamétre. Pour que le grain tombe régulièrement dans l’auget, celui-ci est secoué par une pièce métallique le babillard fixée en prolongement de l’axe vertical.

L’accés du grain entre les meules est facilité par une ouverture faite en creusant la partie centrale de la pierre de dessus sur 3 à 4 cm en forme de cône. La force centrifuge va faire avancer le grain broyé vers la périphérie des meules. Pour obtenir une mouture fine, le meunier régle l’écartement des meules.

Cet espace très étroit entraîne un échauffement des pierres et de la farine, c’est pourquoi la surface des pierres est creusée de rainures ( rayons) pour évacuer la farine vers les bords et ainsi l’air qui y circule joue le même rôle que le liquide de refroidissement dans une voiture.

Les pierres de moulin étant très lourdes, pour écarter ou rapprocher les meules on utlise le principe du levier. C’est-à-dire que l’on va faire monter ou descendre la meule de dessus en actionnant l’axe sur lequel elle est fixée.

L’axe vertical traverse la roue et se termine par un pivot qui tourne dans une partie métallique (la crapaudine ) insérée dans une poutre en bois (la poundillère) dont une partie est mobile. C’est sur cette partie mobile que l’on va appuyer et faire levier ainsi l’axe montera ou descendra de quelques millimétres.

Le repiquage des meules : pour évacuer la farine les rayons doivent être entrenus à cause du colmatage dû à la farine on utilise pour cela des marteaux munis de pointes permettant de nettoyer la pierre. De plus les surfaces servant au broyage doivent être rugueuses et repiquées régulièrement à cause de l’usure et dans le but d’obtenir le maximum de farine et le minimum de son destiné aux animaux.

Les meuniers qui travaillaient dans les moulins étaient considérés de tout temps comme une classe sociale privilégiée au même titre que certains notables. Leur situation était loin d’être équivallente, certains étaient propriétaires, d’autres affermaient leur moulin à un propriétaire en lui payant un loyer en nature sous forme de sacs de blé ou de céréales. Le calibre, c’est-à-dire le nombre de meules dont le moulin était doté et la quantité de blé moulu dans l’année faisait des meuniers parfois très riches…

Pourquoi les meuniers formaient -ils une corporation à part dans la société rurale ?

Le système était basé sur l’échange blé/farine, une paire de meules écrasait en moyenne 100 kilos à l’heure, le meunier prélevait 1 dixième du poids pour payer son travail soit 10 kilos par sac. Le rendement en farine était de la moitié, une fois le meunier payé il ne restait que 45 kilos de farine et le son pour le paysan. Au minimum, le meunier était assuré de pouvoir nourrir toute sa famille sans être soumis aux aléas des mauvaises récoltes même si cela avait des conséquences et entraînait une plus faible activité pour le meunier.

Pour le meunier, le prélévement en nature était un réel avantage même si le travail était parfois très pénible du fait du transport et des livraisons qui devaient être assurées quelque soit le temps et à cause du poids des sacs. Cela créait des jalousies dans le peuple qui, lui, ne mangeait pas tous les jours à sa faim.

Le meunier était ainsi souvent l’objet de railleries de la part des clients qui malgré tout le respectaient et avaient besoin de lui. De nombreuses expressions concernant le meunier sont toujours utilisées alors que ce métier a complètement disparu depuis 50 ans.

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